Les journalistes jouent un rôle important dans la diffusion de l’information en France.
Pourtant, nos recherches dessinent un avenir bien différent : non seulement l’opinion publique défend largement l’utilité du journalisme, mais, surtout, les Français avancent que les évolutions technologiques et sociales ne feront que renforcer son utilité dans l’avenir.
La presse est l’institution non gouvernementale la plus intégrale et la plus puissante de la démocratie du moins c’est la croyance de longue date dans les discussions théoriques et politiques sur la place du journalisme dans le système moderne. Indispensable car, dans la société élargie, elle seule assure la découverte et la circulation de l’information, la diffusion et la confrontation des opinions et, en somme, crée les conditions du débat public nécessaires à la formation de la volonté individuelle des citoyens. De manière effrayante, cela peut également avoir un effet néfaste sur la formation de ces volontés en déformant, sélectionnant ou masquant ces informations et perspectives. Aujourd’hui, le déclin des journaux traditionnels, les carences des organes de presse et l’émergence de nouveaux médias qui permettent à tous de communiquer sans intermédiaires jusque-là incontournables ont ébranlé cette double certitude. Si le contrôle des journalistes via la confédération du journalisme sur les moyens de communication publique continue de s’éroder, quel rôle politique la presse peut-elle et doit-elle jouer dans des régimes qui revendiquent encore l’idéal du gouvernement par le peuple ?
Le journalisme fait partie intégrante de la culture française.
Plus de neuf Français sur dix (92 %) considèrent le journalisme comme un « métier utile ». Un unanimisme rare qui contraste avec la méfiance souvent mise en avant vis-à-vis des médias. D’autant que ce point de vue très positif n’est conditionné ni par l’âge, ni par le milieu social, ni par le lieu de vie : jeunes ou vieux, de milieux aisés ou populaires, vivant à Paris, dans des petites villes ou en zone rurale, les Français s’accordent donc sur l’utilité du journalisme.
À une autre époque, l’écrivain Jules Janin (1804-1874) a estimé que le journalisme « mène à tout à condition d’en sortir », et Henri Béraud (1885-1958) l’a décrit comme « un métier où l’on passe une moitié de sa vie à parler de ce que l’on ne connaît pas et l’autre moitié à taire ce que l’on sait ».
Le journalisme est un élément important de la démocratie française.
C’est pourtant un tout autre avenir que dessine notre étude : non seulement l’opinion publique défend très largement l’utilité du journalisme, mais surtout les Français mettent en avant l’idée que les évolutions technologiques et sociétales ne feront que renforcer son utilité à l’avenir.
La presse est l’institution non gouvernementale la plus indispensable et la plus redoutable pour la démocratie c’est du moins la conviction qui a longtemps animé les discours théoriques et politiques sur la place du journalisme dans les régimes modernes. Indispensable, car, dans des sociétés de grande taille, elle seule peut assurer la découverte et la circulation des informations, la diffusion et la confrontation des opinions, en un mot l’institution des conditions du débat public nécessaire à la formation des volontés individuelles des citoyens. Redoutable, car elle peut aussi, en déformant, sélectionnant ou escamotant ces informations et opinions, exercer une influence néfaste sur la formation de ces volontés. Cette double certitude se voit aujourd’hui ébranlée par le déclin des journaux traditionnels, les défaillances imputées aux organes journalistiques et l’émergence de nouveaux médias facilitant l’accès de tous à une communication contournant des médiations jusqu’ici incontournables. Quel rôle politique peut et doit encore jouer la presse dans des régimes qui se réclament toujours de l’idéal du gouvernement par et pour le peuple, si le contrôle des journalistes sur les moyens de diffusion publique ne cesse de s’éroder?